Le visage impassible de Michelle Martin: “en 16 ans de prison, elle n'a pas pris une ride ”
Analyse par téléphone et sur 6 photos par André Jacques, spécialiste du langage non-verbal et directeur de l’agence Soleil Consult.
Sud Presse jeudi 30 août 2012
Michelle Martin.
Les
clichés de l’arrivée de Michelle Martin au couvent des clarisses à Malonne
interpellent. Son visage semble dénué de la moindre émotion alors que la
tension est perceptible sur les traits des autres occupants de la voiture et
qu’à l’extérieur, la foule hurle sa haine dans la nuit.
Yannick
Hallet
Publié le
Jeudi 30 Août 2012 à 14h20
“ Lorsque
je regarde toutes ces photos, je me rends compte que Michelle Martin n’exprime
aucune émotion à son arrivée à Malonne ”, analyse André Jacques,
spécialiste du langage non-verbal et directeur de l’agence Soleil Consult. Un
individu normal fait certains gestes lorsqu’il veut cacher ses émotions à
autrui.
“ En
général, ses mains le trahissent car elles se posent à des endroits bien précis
du visage et du corps. Cela permet de décharger son émotion. Or nous ne voyons
rien de tel avec Michelle Martin ”, estime-t-il.
Le
contraste avec les autres passagers de la voiture est frappant. Juste à côté
d’elle, l’avocate Clothide Hoffman semble ronger ses ongles, comme si elle
était totalement dépassée par son angoisse. À l’avant, les deux policiers se
concentrent pour essayer de dominer leurs émotions face à la haine exprimée par
la foule.
“ En
fait, j’ai rarement vu un visage aussi impassible que celui de Michelle Martin
mardi soir. Elle semble faire partie d’un autre monde. L’expression des
émotions est la grande différence qui sépare l’être humain du robot ”,
commente André Jacques.
Philippe
Marion, de l’Observatoire du récit médiatique à l’UCL, relève néanmoins un
regard fuyant vers la droite chez Michelle Martin, signe d’une certaine
tension.
“ Mais
l’angoisse se lit surtout sur les autres personnes. C’est intéressant Michelle
Martin vit dans l’horreur, mais semble en être déconnectée. Elle donne
l’impression d’être sur un nuage comme à son procès. Ces images vont faire
partie de sa saga et rester dans les esprits ”, juge le spécialiste,
également professeur à l’école de journalisme de l’UCL.
Pour lui,
la force des photos réside dans les regards. On y lit une panique face à un
risque de lynchage alors que la foule est totalement absente du cadrage.
André Jacques
de Soleil Consult pointe un autre détail troublant: “ Son visage ne présente
aucune ride ni aucune fossette. J’ai l’impression que le temps pas eu d’emprise
sur elle malgré toutes ces années en prison ”.
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